Sitée entre l’Avenue de Madrid et le boulevard du Général Koening
Cette rue doit son nom au bois, situé sur le territoire de Paris, et qui commence, pratiquement au début de l’Avenue de Madrid, côté Neuilly. L'actuel bois, dit de Boulogne, n'était à l'époque gauloise qu'une partie de l'immense forêt de Rouvray, ainsi dénommée en raison de la prédominance du chêne rouvre (quercus robur), qui est demeurée l'essence la plus répandue. Cette forêt, peuplée de bêtes fauves, englobait les massifs actuels de Saint-Germain, Marly, Fausses-Reposes et le parc de Saint-Cloud... Dénommé encore, en 1358, bois de Saint-Cloud, il vit se créer un modeste hameau de bûcherons du nom de Menuz-lèz-Saint-Cloud, qui cessa, en 1343, de dépendre du village d'Auteuil, en devenant paroisse à part entière. De retour de pélerinage à Boulogne-sur-Mer, les habitants décidèrent de construire une église qui prit le nom de Notre-Dame-de-Boulogne-la-Petite et attira à son tour une foule de pélerins. Dès 1417, il n'est plus question que du Bois de Boulogne.
Après avoir appartenu à l'abbaye de Saint-Denis, par un don de Chilpéric II, en 617, la forêt est rachetée par Philippe-Auguste au début du XIIIe siècle et délimitée par murs et fossés. Chasse royale privilégiée jusqu'à la Révolution, elle fut au XVIe siècle entourée par Henri II d'un grand mur d'enceinte percé de huit portes : porte Maillot, porte de Neuilly, porte de Longchamp, porte de Boulogne, porte des Princes, porte d'Auteuil, porte de Passy, porte de la Muette délimitant ainsi un millier d'hectares.
La guerre de CentAns fut particulièrement néfaste au massif, qui fut ravagé en même temps que les hameaux voisins pillés et incendiés, et les brigands s'installèrent à demeure. Le bois dut souffrir à nouveau de la Révolution qui entraîna une destruction quasi totale des arbres et le retour de voleurs, mendiants et vagabonds. La dernière vague de destruction coïncida avec les invasions et son occupation par les troupes alliées, en mars 1814 et juin 1815.
En réparation de ces ravages cycliques, furent décidées
de grandes opérations de reboisement : par Louis XI en 1460, qui en chargea son sinistre barbier Olivier le Daim ; par François Ier, qui fit construire le château de Madrid ou château de faïence, aux galeries et façades recouvertes de faïences par Jérôme della Robia, parent du fameux faïencier florentin Lucca, et qui fut détruit à la Révolution ; par Louis XIV soucieux en outre de disposer de grandes quantités de chênes pour construire ses vaisseaux, et qui fit percer pour la chasse de grandes allées rectilignes ; par Bonaparte, motivé par le voisinage de sa résidence de Saint-Cloud ; enfin sous la Restauration, après les dégâts de 1815, avec déjà des plantations d'essences non indigènes. La forêt avait été ouverte au public depuis Louis XIV.
Devenu propriété de l'État en 1848, le Bois de Boulogne est cédé par décret de Napoléon III du 2 juin 1852 à la ville de Paris, à charge pour elle de l'aménager en promenade publique. Cependant l'Empereur, impressionné par les beaux jardins anglais, tels que celui de Hyde Park à Londres, désire voir des lacs et des rivières dans le Bois de Boulogne et prend les choses personnellement en main. C'est le préfet devenu le baron Georges Haussmann (1809-1891) qui confie à Alphand le soin de créer les deux lacs, dont le plus élevé (le lac Supérieur, qui est le réservoir d'alimentation de tout le système des pièces d'eau et ruisseaux) reçoit l'eau du puits artésien de Passy, foré depuis peu, mais dont l'eau présentait un goût peu apprécié. Le bois est remodelé dans son aspect et sa voirie. Mais ne subsistent plus de la grande époque des chasses royales que les allées de Longchamp et de la Reine-Marguerite, les autres voies rectilignes ayant été remplacées par des allées sinueuses et la fantaisie ayant été introduite dans le paysage.
Amputé de parcelles périphériques pour financer les travaux, le bois est agrandi vers la Seine par incorporation de la plaine de Longchamp. Enfin sont créés les pavillons et chalets à l'aspect romantique, ainsi que le Pré-Catelan et le Jardin d'acclimatation. Après cinq années de travaux et la plantation de quelques quatre cent mille arbres d'espèces très variées, le Bois de Boulogne a atteint, en 1858, son aspect définitif.
Malheureusement, une tempête cyclonique a défiguré, le matin du 26 décembre 1999, une grande partie de l'Ile-deFrance et en particulier le Bois de Boulogne, où plus de cent mille arbres furent arrachés, déracinés, broyés.