Rue Pauline Borghèse

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Histoire de la rue

Du Boulevard Victor Hugo à la rue de Chézy. Selon l'arrêté de Narcisse Désiré Ancelle, treizième maire de Neuilly, l'appellation rue Borghèse a été donné à cette voie allant de la Seine au boulevard d’Inkermann, le 28 avril 1856, en mémoire de celle qui avait animé la vie de Neuilly pendant quatre ans. En 1916, elle a été amputée de sa partie ouest, allant de la Seine à la rue de Chézy, afin de créer la rue Edouard Nortier. Par décision du conseil municipal du 28 août 1962, il y a eu adjonction du prénom de Pauline au nom patronymique, afin de mieux personnaliser cette rue agrémentée par des platanes.


Marie Paola Bonaparte, devenue Paoletta, est née en août 1780 de Carlo-Maria Buonaparte, avocat à la juridiction royale d'Ajaccio. Le marquis de Marbeuf, gouverneur de la Corse, lui obtient une concession d'une plantation de mûriers que le roi Louis XVI voulait voir introduire dans cette nouvelle province française. Son père meurt à Montpellier, le 24 février 1785, laissant sa femme Letizia Ramolino, qu'il avait épousée à 14 ans, alors que lui-même n'avait que 17 ans, seule avec 8 enfants : Giuseppe (Joseph), 17 ans étudie le droit à Pise, Napoleone, 16 ans sera lieutenant à Auxonne en 1788, Luciano, (Lucien), 10 ans entrera à l'école de Brienne, Maria-Anna, (Elisa), 8 ans, sera admise, la même année, à l'école de Saint-Cyr fondée par Madame de Maintenon, Luigi, (Louis) 7 ans, Paoletta 4 ans et demi, Maria-Annunziata (Caroline), 3 ans et Girolamo (Jérôme) âgé seulement d'un an. Toute cette famille occupait deux étages d'une maison de leur oncle paternel, Don Luciano Buonaparte, ancien archidiacre de la cathédrale d'Ajaccio, alors âgé de 69 ans.

En 1793, la famille Buonaparte quitte la Corse et s'établit à La Valette, près de Toulon, puis en 1794 à l'hôtel Cypières sur Marseille. Napoléon Bonaparte prend alors en main l'avenir de Paulette. À 16 ans, elle est belle et coquette, il lui faut un prétendant riche. Son choix se porte sur Victor-Emmanuel Leclerc, adjudant-général l'année d'Italie. Son père est un riche minotier de Poitiers. Par dispense de l'archevêque de Milan, le 14 juin 1797, ils sont mariés par le curé de Bovisio. La cittadina Paulina Bonaparte contracte mariage avec le consentement de ses frères et de sa mère. Les frères lui garantissent une dot de 40 000 livres, en échange d'un abandon à toute prétention sur l'héritage de ses parents. Demeurant au palais Serbellone de Milan, la nouvelle mariée reçoit beaucoup, puis par suite d'une grossesse difficile, elle passe l'hiver au lit. Le 20 avril 1798, elle donne le jour à Dermid Louis Napoléon, prénom choisi par Napoléon, parrain, du nom d'un héros d'un poème d'Ossian qu'il admire. Il sera représenté, au baptême, par le général Guillaume Brune, car le 21 juin 1798, il est en route vers l'Égypte. Son mari ayant demandé à être relevé de ses fonctions, dès l'été, le couple s'installe rue de la Ville l'Évêque à Paris. S'étant aperçu de l'esprit totalement inculte de sa femme, qui n'avait jamais été à l'école, le général Leclerc conduit celle-ci à l'école de Mme Campan, ancienne femme de chambre de la reine Marie-Antoinette, récemment fondée à Saint-Germain-en-Laye pour former les jeunes filles aux bonnes manières. Henriette Campan, au lendemain de thermidor, avait quarante-deux ans et elle avait eu la chance de sauver sa tête. Complètement ruinée, abandonnée par un mari volage, pour faire vivre sa vieille mère et son fils, elle a eu l'idée d'ouvrir une maison d'éducation pour les jeunes filles de la nouvelle société : l'Institution nationale Saint-Germain. Elle s'est fabriquée une silhouette austère en rapport avec son rôle, toujours vêtue de noir, ayant un langage précieux. Henriette Campan, devenue Madame Campan, a tout ce qu'il sied pour attirer les nostalgiques de l'Ancien Régime. Dès le début, elle aura parmi ses élèves Hortense de Beauharnais. Celle-ci apprend très vite et commence à être enviée à Paris pour son succès dans les salons et les réceptions. En 1799, elle vient passer quelques jours à Lyon, près de son mari, qui réorganise l'armée d'Italie.

10 brumaire an VIII (10 novembre 1799), le Directoire est dissous, Bonaparte devient Premier Consul et s'installe au Palais des Tuileries. Il craint sa soeur trop impulsive. En 1801, il nomme le général Leclerc à la tête de l'expédition de Saint-Domingue, qui doit apporter des richesses minières et coloniales à la République française. Paulette donne des bals et des concerts. Dès 1802, la fièvre jaune ravage l'armée française. Exténué, le général Leclerc meurt, lui aussi. Paulette fait embaumer le corps de son mari et placer son coeur dans une urne d'or sur laquelle elle a fait graver : « Paulette Bonaparte, mariée au général Leclerc le 20 prairial an V, a enfermé dans cette urne son amour auprès du coeur de son époux, dont elle avait partagé les dangers et la gloire. Son fils ne recueillera pas le triste et cher héritage de son père sans recueillir celui de ses vertus.

Le 8 novembre, Paulette et son fils regagnent la France avec le cercueil et arrivent à Toulon, au bout de 8 semaines. Elle ne ramène pas seulement des souvenirs dramatiques pour son âme impulsive et légère, mais dans ses mains apparaît une blessure, qui est une marque de la syphilis. Malgré son deuil, on la voit dans les salons et les réceptions. Joséphine Bonaparte, Juliette Récamier et Paulette Leclerc sont les trois femmes dont on parle le plus à Paris. Son mari lui a laissé une fortune d'environ un million de francs, la propriété de Mongoberty, où il a été enterré, une maison rue de la Victoire et une propriété en Lombardie. Sa maison de Courcelles ne lui suffit pas, elle achète l'hôtel de Charost, faubourg Saint-Honoré pour 400 000 francs. Elle s'ennuie et il est temps pour Bonaparte, qui prépare l'invasion de la Grande-Bretagne depuis Saint-Omer, de lui trouver un mari « qui puisse lui être utile dans son action diplomatique ». Or, elle est fascinée par un célibataire de 28 ans qui séjourne à Paris et qui a séduit les salons parisiens par sa beauté : Camillo Borghèse. Paulette veut se marier tout de suite, mais officiellement elle doit attendre le 3 septembre. Pour complaire à sa soeur, Joseph favorise un mariage religieux à Mortefontaine, le 29 août 1803. Le couple quitte Paris pour Rome, à la mi-novembre, où une longue suite de réceptions les attend. Accueillie dans ses appartements par le pape Pie VII, elle reçoit un superbe camée. Mais comme tous les Bonaparte, elle avait le sang chaud, et elle ne put cacher que son mari ne pouvait la satisfaire. En 1804, Antonio Canova, déjà célèbre sculpteur, réalise sa statue : Venus victrix.

Le 18 mai 1804, le Sénat nomme Napoléon Empereur des Français. Paulette devient Altesse royale et Camillo Borghèse n'est plus qu'un prince consort. Elle décide alors de changer son prénom, avec sa consonance antique. Puis c'est le début d'une pérégrination qui durera 20 ans, de ville d'eaux en ville d'eaux, prenant bains et douches entre les fêtes et les bals en son honneur. Pise, Lucques où elle apprend la mort de son fils Dermid, le 14 août 1804, dans sa villa de Mondragone. Napoléon l'autorise à revenir à Paris pour inhumer Dermid, près de son père. Elle est là pour la cérémonie du sacre. Le demi-frère de sa mère, promu ambassadeur auprès du Saint-Siège après son retour au sein de l'Église, le cardinal Joseph Fesch, a su convaincre le pape Pie VII de venir pour le sacre, le 2 décembre 1804. Joséphine a 40 ans, Napoléon 35, Pauline 24.

Comme Altesse Impériale, Pauline a droit à une maison qui compte 17 personnes (de la dame d'honneur au médecin). Mais il faut ajouter Paul, qui servait de garde du corps et qui était noir. À l'époque du sacre, Pauline réside avec son mari à l'hôtel de Charost, mais elle dispose aussi d'appartements au château de Saint-Cloud, puis au Petit Trianon que lui prête son frère. Après sa proclamation et son couronnement comme roi d'Italie, en mai 1805, Napoléon nomme Camillo Borghèse chef d'escadron des grenadiers à cheval, au camp de Boulogne, pour préparer une nouvelle fois l'invasion de l'Angleterre. En août 1805, survient la coalition Autriche-Prusse-Russie, l'armée d'Angleterre devient la Grande Armée et part pour le Rhin. Après la paix de Presbourg, Camillo Borghèse part pour Rome.

Pauline se sent humiliée, en 1806, après que le royaume de Naples ait échu à son frère Joseph, celui de Hollande à Louis et Hortense, le grand-duché de Berg et de Clèves à Caroline et à son mari Joachim Murat, en attendant le royaume de Naples. Joseph doit partir à Madrid et Pauline exprime son mécontentement à son frère, qui lui donne la principauté de Guatalla, dans le duché de Parme. Comme ceci ne la satisfait pas, Napoléon lui laisse les titres de princesse et duchesse de Guastalla, tout en lui rachetant le duché qui est annexé au royaume d'Italie moyennant 6 millions de francs et une rente annuelle de 150 000 francs, contre la suppression de la pension préalablement acceptée. Elle part pour Plombières, à nouveau en cure. En l'absence de Joséphine à Mayence, Pauline et sa soeur Caroline assurent la représentation de l'Empereur aux différentes réceptions officielles des Tuileries. Fatiguée de ses excès amoureux, elle doit se reposer à Saint-Leu, propriété de son frère Louis, puis elle se rend à Aix-les-Bains, Gréoux-les-Bains, en 1807. Les docteurs Parlange, puis Corvisart constateront que « l'atteinte nymphomatique apporte une modification d'ordre biologique » chez elle. ELle s'installe tour à tour à Aix-en-Provence, Nice, Grasse. En février 1808, Camillo Borghèse est nommé gouverneur général de l'ancien royaume de Sardaigne et Pauline doit le rejoindre à Turin, pour assister à une suite de fêtes en son honneur. Malade, elle part aux eaux dans la vallée d'Aoste, puis à Aix-les-Bains et revient seule à Paris.

Lors d'un bal à l'hôtel de ville de Paris, Napoléon met à la disposition de sa soeur le domaine de Neuilly, à partir du 1e janvier 1809, en propriété personnelle. En lui faisant ce cadeau, Napoléon l'assure d'un revenu total annuel de plus d'un million de francs. Mais pour administrer cette fortune, il assigne à Pauline un ancien intendant militaire du nom de Michalot, qui va dorénavant s'occuper d'un certain nombre de transformations qu'elle va faire effectuer pour un montant de cinq cent mille francs, tandis qu'elle part aux eaux à Aix-la-Chapelle. De retour en novembre 1809, elle donne un bal présidé par son frère, dans sa nouvelle demeure, puis habite au château de Fontainebleau et à l'hôtel de Charost.

Le 14 décembre 1809, Pauline assiste dans le grand salon des Tuileries, devant toute la famille Bonaparte et ses enfants Beauharnais à l'acceptation officielle de son divorce « pour raison d'État » par Joséphine. Dès le lendemain, elle s'installe à Trianon pour recevoir Christine de Mathis dont Napoléon est amoureux. En remerciement, elle recevra, en 1810, une parure de turquoises, remise de l'avance de 500 000 francs pour les travaux de Neuilly et 300 000 francs pour payer ses diverses dettes. Le 27 mars 1810, Marie-Louise d'Autriche arrive au château de Compiègne. Camillo et Pauline font partie de la suite. Napoléon veut que le mariage soit consommé le soir même. Le mariage religieux est célébré le 2 avril et Pauline doit, avec Elisa et ses belles-soeurs, soulever la traîne de la nouvelle impératrice qu'elle a détestée autant que Joséphine. Elle donne alors une grande réception, dans son château de Neuilly, qui lui aurait coûté 80 000 francs. Lors de ce spectacle, ont figuré le directeur des ballets de l'Opéra, mais également le danseur Despréaux et sa femme Marie-Madeleine Guimard, ainsi que le castrat Crescentini à la voix d'or. Désormais Pauline habite cette nouvelle demeure et, tous les jeudis elle y donne un bal, tandis qu'elle tient salon les autres jours. Des soirées intimes réunissaient quelques privilégiés, tandis qu'elle était amoureuse d'un jeune lieutenant Conrad Friedrich et de l'ambassadeur d'Autriche Clément, prince de Metternich.

Le 14 juin 1810, une grande fête est offerte par Pauline à l'Empereur, entouré de 700 invités. Un opéra comique de Marsollier et Févière selon une musique de Berton est donné sous le titre Le Concert interrompu dans le nouveau théâtre qu'elle a fait construire. Puis, une reconstitution du Palais de Schônbrunn en miniature paraît devant Leurs Majestés. Six orchestres jouent dans les jardins, et font retentir Neuilly de leurs accents. Pour terminer la soirée, l'Empereur met le feu à un dragon et c'est le début du plus magistral feu d'artifice que connaîtra jamais Neuilly, avant que les invités ne dansent dans les jardins.

Quelques jours après, Pauline part en cure à Aix-la-Chapelle, pendant deux mois. Le 20 mars 1811, Pauline et le prince Borghèse sont aux Tuileries pour signer l'acte de naissance du roi de Rome. Après quelques bals donnés à Neuilly, elle repart à Aix. Puis elle participe à un grand bal de mardi-gras en 1812, qui a lieu dans le théâtre des Tuileries réaménagé. Marie-Louise symbolise la Normandie, l'Empereur a un domino, Pauline, presque totalement dévêtue, figure une des 7 nymphes, dans une reconstitution allégorique, elle représente l'Italie tandis que Caroline Bonaparte Murat représente la France. Le spectacle n'attire pas les applaudissements et Pauline considère que la saison est finie. Elle se retire alors dans sa propriété de Villiers avec l'acteur François Joseph Talma qui l'accompagne à Aix-les-Bains pour boire les eaux et se baigner.

Pendant la retraite de Russie, elle est à Hyères, en février 1813, elle est à Nice, puis à Gréoux. Elle vend alors une partie de ses bijoux et offre à son frère 300 000 francs. La santé de Pauline décline, elle va au Luc. Le 6 avril, c'est l'abdication de Fontainebleau. Le 26 avril, Napoléon rend visite à sa soeur au Luc, et elle veut partager son exil à l'île d'Elbe. Sa suite l'abandonne peu à peu. Le 1 er juin, elle arrive à l'île d'Elbe, puis se rend à Naples invitée par les Murat et pour leur apporter le pardon de Napoléon. Alors que sa mère accepte de venir avec elle à l'île d'Elbe, Pauline cherche à vendre tous ses biens, mais le roi Louis XVIII a fait procéder à la confiscation de tous les biens de la famille Bonaparte. Elle perd les terres de Montgobert et de Neuilly, mais elle réussit à vendre son hôtel de la rue du Faubourg Saint-Honoré, pour 800 000 francs, au gouvernement britannique qui en fera la résidence de son ambassade. Le 31 octobre, elle retrouve Napoléon et sa mère à l'île d'Elbe. I2Étiguette des Tuileries est remise à l'honneur par Napoléon, dans sa petite cour qui l'a suivi, sans Marie-Louise ; bals et concerts sont organisés. Le 23 février 1815, Napoléon annonce à son proche entourage qu'il va regagner la France ; pour l'aider, Pauline lui remet son collier de diamant d'une valeur de 500 000 francs. Le 4 mars 1815, elle réussit à s'évader de l'île d'Elbe, mais se retrouve prisonnière du grand-duc de Toscane. Napoléon arrive aux Tuileries, le 20 mars, tandis qu'elle va à Lucques pour se soigner. Napoléon est vaincu à Waterloo, et Pauline demande asile au pape, le 15 octobre, tandis que le S/S Northumberland arrive à la petite île de Sainte-Hélène. Pie VII et le tribunal de la Rote vont aider Pauline à pouvoir reprendre la vie commune auprès de Camillo Borghèse. Elle obtient la jouissance du palais Borghèse, de la villa Borghèse sur le Pincio et de la villa Mondragone où est mort son fils, ainsi qu'une pension de 14 000 écus. Peu après, elle achète la villa Sciara qu'elle rebaptise villa Paoline et qui devient sa résidence préférée. En octobre 1816, elle rejoint son mari à Rome et reçoit toute l'aristocratie anglaise en visite. Jusqu'en 1818, elle fait des cures régulières à Lucques, où Lord Kensington tombe amoureux d'elle. Le chagrin la ronge malgré tout, car elle pense sans cesse à son frère, dont la santé s'altère et elle cherche à améliorer son sort en écrivant à tous les souverains d'Europe. Napoléon meurt, le 5 mai 1821, alors qu'elle est avec son nouvel amant Giovanni Pacini à Frascati, dans la maison de son frère Lucien.

À la fin du mois d'octobre 1824, elle se dit abandonnée. Le nouveau pape Léon XIII enjoint Camillo de reprendre la vie conjugale. Pendant quelques mois, une vie mondaine avec lui reprend à Florence. Ses frères Jérôme et Louis viennent la voir. Puis elle doit s'aliter. Le 9 juin 1825, elle fait venir le notaire pour rédiger son testament, instituant comme héritiers Louis et Jérôme ses frères, tandis que son mari est nommé exécuteur testamentaire et reçoit la villa Paolina. À 1 heure de l'après-midi, son mari lui ferme les yeux elle n'a pas encore 45 ans. Selon sa demande, elle est embaumée et le 1 1 juin, son cercueil, portant les armes des Bonaparte et des Borghèse, est placé entre ceux de deux papes Paul V et Clément VIII dans la chapelle Borghèse de l'église Sainte-Marie-Majeure de Rome.